Amie de DianDis Dian, tu es déjà partie en Indonésie dans le pays de tes parents ?
DianOui ! On essaie d’y aller tous les ans... bon, avec le covid, ça a été pas mal compromis...
Amie de DianTu t’entends bien avec ta famille ? C’est pas trop dur ?
DianNon, tout le monde est super gentil avec moi, je suis bien intégrée !
Amie de DianC’est quoi ton souvenir le plus marquant ?
Dian... Je plonge de temps en temps à Sulawesi, je suis toujours émerveillée de voir les poissons multicolores !
Amie de DianLa chance ! Ça doit être incroyable !
Amie de DianJ’aimerais tellement vivre là-bas !
Je n’en suis plus si sûre...
C'est bizarre... Je ne me sens pas bien...
J’ai si mal... qu’est-ce qui se passe ? C’est pas normal...
NenekArrête Dian, c’est pour ton bien !
Maman de DianDian, c’est l’heure de se réveiller, tu vas être en retard en cours !
ProfesseureDian tu m'écoutes ?
ProfesseureTout va bien ? C’est rare que tu sois distraite comme ça. Tu veux aller à l’infirmerie ?
Je n’ai pas besoin. Je suis normale.
On dirait une fleur, une espèce d’orchidée...
On est toutes pareilles ?
JE ne suis pas normale...
Qu’est-ce que je dois faire ?
“Excision”DianNon... Non c'est pas ce que j'ai...
“Sujet relié : l'excision”Est-ce vraiment ce qui m'est arrivé ?
Je crois qu'il y avait des cris, des pleurs... Je sais que je n’étais pas toute seule.
DianEst-ce que Maman était là ?
L’excision est pratiquée par tradition et est considéré comme un rite de passage car il est dit que les filles qui ne sont pas excisées risquent d'être atteintes de problèmes mentaux et handicaps.
6 petites filles excisées toutes les minutes dans le mondeJe me souviens, Maman était là, il y avait aussi Nenek.
C’est elles qui m’ont fait ça.
Je n’étais pas seule, d’autres petites filles encore plus jeunes que moi criaient et pleuraient de douleur.
SatriaAllô ? Whaou Dian, tu sais qu’il est 3 heures du matin, ici ?
SatriaOk. Qu’est-ce qu’il se passe, sayang (ma puce) ?
DianJ’ai... J’ai eu ce cours... en sciences... et
SatriaPrends ton temps, t’inquiète.
DianJe... Je crois que je ne suis pas normale.
SatriaTu parles de ce qu’à fait Nenek, non ?
SatriaOui, tu ne te souviens pas ?
DianCe sont des... souvenirs...?
SatriaOui. J’ai vécu la même chose.
Je suis peut-être normale !
SatriaOui... pour mon mariage.
SatriaD’après Nenek, les femmes doivent être sages pour le mariage.
SatriaPour elle, c’est notre devoir.
SatriaJe sais, ce n’est pas normal, Dian, ce n’est pas normal du tout.
SatriaOn ne t’en a pas parlé, en France ? À l’école ou quoi ?
SatriaPeut-être... peut-être que tu peux... c’est difficile, je sais, mais...
DianJe ne sais pas si je pourrai.
SatriaPrends ton temps, je sais que c’est dur, Dian.
Satria... oui, forcément.
Si maman est au courant... je ne peux pas lui en parler...
InfirmièreDian, tu veux me dire quelque chose ?
DianAh ! Bonjour... Madame... je-
InfirmièreJe prends justement ma pause café, tu veux entrer ? J’aime pas être toute seule.
InfirmièreMerci... Merci de m’avoir parlé, Dian.
InfirmièreTu sais comment ça s’appelle, cette pratique ?
DianJe crois... je suis pas sûre...
InfirmièreC’est l’excision.
InfirmièreAujourd’hui, en France, c’est interdit par la loi, mais ça n’a pas toujours été le cas et beaucoup de femmes subissaient cette pratique, comme toi aujourd’hui.
InfirmièreOui, mais c’est puni par la loi l'excision maintenant.
InfirmièreEt il y a plein d’associations qui aident les femmes ayant subi ça.
InfirmièreÇa t’intéresse de parler à quelqu’un ? Je peux te mettre en contact avec une gynéco, ou parler à quelqu’un d'une association.
InfirmièreC’est ton choix, Dian, va à ton rythme.
Dian s’est rendue chez une gynécologue de confiance.
Cela s’est fait en plusieurs séances, Dian n’étant pas en confiance avec son corps mutilé.
Celle-ci lui a expliqué avec plus de précision la nature de la mutilation génitale qu’elle a subi.
Elle a appris que partout dans le monde, et même à Paris, des petites filles subissent le même sort, parfois avec des amputations plus importantes.
Certaines en meurent.
Dian a développé des douleurs terribles et quotidiennes depuis sa sortie d’amnésie, sa gynécologue l’accompagne pour rendre sa vie supportable, mais ce n’est pas une solution à long terme.
Elle a décidé de se reconstruire et elle envisagera peut-être plus tard une chirurgie réparatrice si elle en ressent le besoin.
Cet accompagnement physique et psychologique lui permettra de reprendre confiance en elle et de se réapproprier son corps.
SuivantGrâce à l’infirmière, Dian a pu en apprendre plus sur les associations qui accompagnent les jeunes femme et les jeunes filles victimes d’excision.
Elle a pu contacter l’une d’entre elles, les Orchidées Rouges et a été reçue par une psychologue qui a pu la rassurer et l’écouter, cela lui a fait du bien de se sentir comprise.
Elle a pu assister à des ateliers thérapeutiques et rencontrer d’autres femmes qui comme elles ont vécu une excision, s’en sont remises et militent maintenant contre cette pratique qui perdure à travers les époques.
La blessure dans le cœur de Dian n’est pas encore prête à cicatriser mais elle est un peu plus apaisée, mais elle sait à présent qu’elle n’est pas seule.
Chapitre 1 / 4
Résurgence
Chapitre 2 / 4
Questionnement
Chapitre 3 / 4
Recherches
Chapitre 3 / 4
Ta cousine Satria
Chapitre 4 / 4
L'infirmerie